Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/366

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— Je le prétends !

— Eh bien ! prouve : car tu n’espères pas me convaincre par des paroles en l’air.

L’Indien s’inclina avec aisance.

— Je prouverai donc. Près de San-Diego, Van Reek, qui se rapprochait de toi par train spécial, intercepta un télégramme expédié par les rails à un second train qui le poursuivait.

— Qui le poursuivait ? rugirent les assistants, devenus livides.

— Oui. Il avait la police sur ses traces. Il crut qu’à l’arrivée des agents l’appréhenderaient. Alors il se glissa avec moi, le long des wagons, surprit chauffeur et mécanicien, les tua, puis arrêta le train spécial en pleine voie, pour le quitter d’abord, et pour provoquer une catastrophe dont la police conserverait le cuisant souvenir.

Tous avaient les yeux fixés sur le narrateur. Tous frissonnaient d’angoisse.

— La police le soupçonnait donc ? demanda Jemkins, avec une évidente hésitation.

— Non, non… Elle ne soupçonnait pas encore… Le poursuivant n’était autre que votre ennemi Jud Allan.

— Jud Allan ! hurla le milliardaire, que la foudre l’écrase !

— C’est fait, murmura Dieblo en souriant.

— Que signifient ces paroles ?

— Qu’il fut écrasé, non par la foudre, señor, mais par le plus beau télescopage de trains qu’il soit possible de voir. Son spécial vint se réduire en miettes sur le nôtre arrêté en pleine voie.

Un silence suivit. Si gangrenés que fussent les bandits, ils n’échappaient point à l’horreur de la vision évoquée par le lugubre messager.

— Mais van Reek n’est pas mort, lui ?

— Hélas, si ! Nous sommes tombés dans un parti d’Indiens non soumis. Le casse-tête d’un guerrier a brisé le crâne de mon compagnon. Moi-même j’ai été blessé dans l’obscurité, les assaillants n’ayant point reconnu mon caractère… Un mois durant, ils m’ont soigné…

— Mais les diamants ?

L’Indien haussa les épaules.

— Aux mains des policiers de San-Diego, ainsi que le revolver que l’on n’entend pas.

— Le revolver à air comprimé ! Alors, nous sommes menacés ?