Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/382

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Un éclat de rire fusa entre les lèvres de son interlocutrice.

— Qu’à cela ne tienne, digne Dieblo… Tu vas être mis en sa présence.

Ils gagnèrent le jardin, parcoururent des allées sinueuses. Chose étrange, l’homme rouge qui à l’ordinaire foulait le sol avec la légèreté d’un félin, marchait pesamment, faisant crier le gravier sous ses pieds.

Tout un peuple de volatiles s’agite, caquette, dans l’enceinte d’une volière. Les faisans d’or ou d’argent frôlent de leurs ailes les flocons roses des flamants, les plumages bleus des diachekas. Canards bariolés, kiwis du Pacifique, pintades vertes de l’Ecuador, perruches babillantes, chantent, cancanent, jacassent.

Tout près du treillage, comme absorbées dans la contemplation de la gent emplumée, deux femmes sont assises sur un banc rustique.

El Dieblo a subi une commotion. Dans un mouvement machinal ses mains se sont crispées sur sa poitrine. Et Rouge-Fleur, se tournant vers lui, lui désigne les recluses.

— Mistress Lily Pariset ! Miss Lilian Allan ! Les folles ! Celle que tu désirais voir.

Le sorcier incline la tête… Il s’approche des recluses toujours immobiles, dont les regards vagues sont rivés sur les oiseaux qui piaillent effrayés par les nouveaux venus.

Soudain un vacarme effroyable retentit dans la volière. Des oiseaux se battent sans doute. Rouge-Fleur regarde dans la direction du son.

Elle s’étonne, les volatiles sont calmes, semblent surprises des caquets furieux qui viennent de retentir.

Et la Chinoise reporte les yeux sur les captives, sur l’Indien.

Ce dernier a conservé la même impassibilité. Mais le visage des deux insensées s’est couvert d’une teinte rosée. Deux répliques ont été échangées à l’insu de celle qui représente le Japon.

— Demain, pauvre mère, direz-vous toute la vérité ? Et la veuve a répondu sans hésiter.

— Je dirai tout mon cœur.

Rouge-Fleur ne peut soupçonner cela ; mais elle s’inquiète vaguement de l’animation soudaine des traits des recluses. L’Indien la rassure aussitôt :

— Je reporterai au señor Jemkins que ses accusateurs arriveront trop tard pour rien empêcher