Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/408

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être, aurait pu le dire, car il marchait gravement auprès de la jeune fiancée.

Pourtant, en regardant mieux, une différence se constatait.

Lilian était à présent sensiblement plus petite que tout à l’heure…

Pif ! Paf ! Fffuit ! Des pétards, des fusées sifflent dans l’air, éclatant en poussières multicolores. C’est la fête des fiançailles qui bat son plein.

Hacenderos, Indiens Mayos, vaqueros, pulqueros, señoras blanches, créoles, mélisses ou rouges, saluent de leurs cris les courbes lumineuses des pièces d’artifice.

Sur les pelouses autour de l’hacienda, la foule bigarrée se presse. Entre les arbres, à des cordelettes tendues, se balancent des lampions.

Et là-haut, tout au fond du ciel indigo, parmi les floraisons d’étoiles, la lune développe sa large face blafarde, sur laquelle la fantaisie de l’Inconnu a dessiné un rire éternel.

C’est la fête des fiançailles de la riche héritière des Pariset avec un gentilhomme de France, le marquis Pierre de Chazelet.

Tout à l’heure, les jeunes gens vont faire le tour des pelouses, ce tour, emblématique figurant le cours de la vie, l’union sans fin.

Ensuite, ils se réuniront à leurs témoins, leurs parents, dans le vaste salon ou l’escribano, ainsi que le populaire dénomme le notaire, présidera à la lecture, à la signature du contrat.

Des vivats aux fiancés ! Des vivats à Frey Jemkins !

Ainsi l’on célèbre le luxe des propriétaires d’Agua Frida.

On le célèbre d’autant plus vivement que, sous des dais rayés, des buffets sont dressés, où chacun peut absorber à sa faim, à sa soif, et même au delà, pulque, mezcal, vins rosés de Californie, viandes froides, fruits, etc.

Des gamins inconnus au pays, circulent parmi les groupes. Leur présence n’étonne personne.

Chacun suppose qu’ils viennent d’un district autre que celui qu’il habite.

Or, à cette heure, Frey Jemkins, dans une salle voisine du salon disposé pour le contrat, donne ses dernières Instructions aux fiancés debout devant lui.

Il les a prévenus. La moindre hésitation, la moindre parole imprudente, ce sera la mort.

Et Pierre a pour de causer le trépas de Linérès.