Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/72

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— Adoptée !

Linérès était debout, bouleversée.

— Adoptée ? redit-elle.

— Tu ne le savais pas ? jeune fille, questionna la voyante.

Ce fut la comtesse qui répondit :

— Non… Je lui avais caché cela. Elle se croyait ma fille vraie.

Les assistants palpitaient littéralement. Devant eux se déroulait un drame réel, bien plus impressionnant que toutes les fictions scéniques.

L’Indienne avait fait la preuve de son mystérieux pouvoir.

Elle avait lu dans l’esprit de Mme de Armencita le secret ignoré de tous.

— L’explication de vos malheurs est donc en la pensée de cette jeune fille.

Marahi a prononcé cela d’une voix lente, monotone. L’attention redouble.

— Jeune fille, reprend-elle, consens-tu à ce que la femme rouge sonde les profondeurs de ta pensée, où tu n’as jamais pénétré toi-même ?

Il y eut un instant de lourd silence. Les regards convergeaient sur Linérès qui, très pâle, le visage contracté, semblait en proie à une terrible lutte intérieure.

Enfin, elle parut se décider, et d’un ton brisé, qui palpita ainsi qu’une plainte sur l’assistance pétrifiée :

— Lisez… Quoi que vous deviez m’apprendre, je veux la lumière.

On se pressait, on s’étouffait dans les salons, chacun cherchant à se rapprocher des interlocutrices.

Von Foorberg seul présentait une face rayonnante.

Son « attraction » obtenait un succès expliquant sa satisfaction.

Marahi avait appliqué la main sur le front de Linérès.

— Oh ! murmura la jeune fille, quel froid !…

La vieille femme se pencha vers elle, et remuant à peine les lèvres, si bas que personne autre ne put saisir ses paroles :

— C’est le médaillon magique. Il regarde, lui, pour toi seule.

Puis, élevant la voix :

— Tu n’es pas Espagnole, dit-elle.

— Pas Espagnole ! répéta Linérès abasourdie de se