Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/78

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— Comment savez-vous ? s’écria Chazelet, stupéfait.

Mais l’inconnu l’interrompit vivement :

— Plus bas… Vous attireriez l’attention, et je veux pouvoir vous donner un bon avis.

Il se rapprocha du jeune homme.

— Un homme existe, qui doit avoir votre confiance ; cet homme, vous le rencontrerez ce soir, si vous suivez mes instructions.

— Encore faudrait-il me dire d’où elles émanent.

Le magicien haussa les épaules.

— Toujours les conventions mondaines ! Est-ce que vous ne vous sentez pas engagé dans une aventure en dehors de toutes les conventions ?

Pierre ne trouva rien à répliquer. L’évidence de la proposition le réduisait au silence. Et l’inconnu, sans doute satisfait de ce résultat, reprit à mi-voix :

— Au surplus, ce que l’on vous demande est peu de chose. Rentrez à pied au palais d’Orsay ; une promenade agréable, par ce beau temps. Il se produira en route une chose qui vous assurera l’ami sans lequel vous ne pourriez rien.

— Quelle chose ?

— Je l’ignore. Les destins ne se dévoilent jamais tout entiers.

— Certes ; mais les magiciens se démasquent, riposta Chazelet, levant vivement la main vers le « loup » de l’inconnu.

Le mouvement commencé ne s’acheva pas. Pierre se sentit immobilisé, les poignets enserrés comme en des étaux.

Son interlocuteur le maintenait sans effort apparent.

— Un vrai magicien ne se montre que de son plein gré. Rentrez à pied, croyez-moi. Pas d’amour-propre mal placé. Votre vie est en jeu. Cela vous est égal, fit doucement l’inconnu, remarquant un mouvement dédaigneux de la tête du marquis ; je suis content de le savoir… mais l’existence de la señorita est aussi menacée. L’ami à rencontrer peut seul la sauver… Voilà ce que les destins m’ont appris. Voilà ce que je souhaitais vous faire connaître.

Brusquement, avec une force irrésistible, l’inconnu imprima à son interlocuteur un mouvement de rotation.

Pierre ne s’attendait pas à cette conclusion.

Il pivota sur lui-même, bousculant un petit cercle