Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/41

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— À la gare de Lyon ?

— Oui, Frachay habite Mâcon : c’est donc de Mâcon qu’il arrivera.

— Ah çà ! il existe donc ?

— Naturellement. Sans cela, la moindre enquête de nos adversaires — et ils la feront, l’enquête, car ils sont gens défiants, — la moindre enquête, dis-je, leur révélerait la supercherie.

— Mais encore, si vous prenez son nom, on le retrouvera.

— Point, Frachay est un taciturne, vivant très retiré, ne confiant ses affaires à personne. Un chagrin de cœur que j’ai découvert… en cherchant autre chose. Ce chagrin, grâce à quelques paroles prononcées par moi à l’oreille d’une tierce personne, va prendre fin. Je pensais accomplir uniment une bonne action ; elle vous servira… Frachay quittera mystérieusement son logis, dans cinq jours, et se rendra en Algérie, à Ouargla.

— Pourquoi à Ouargla ?

— Pour rejoindre la tierce personne. N’insistez pas… Il y a là un petit secret qui ne m’appartient pas. Retenez seulement qu’il nous sert.

L’Arc de Triomphe se dressait en face des causeurs. Encore quelques tours de roue et l’auto-taxi pénétrait dans le cercle grandiose de la place de l’Étoile.

— Tout est bien convenu, mademoiselle, murmura le détective. Dick Fann vous fait ses adieux. Dans cinq jours, à la gare de Lyon, Frachay vous présentera ses hommages.

Et sans laisser à la jeune fille le loisir de répondre, il se pencha à la portière :

— Wattman, stop !

La voiture s’arrêta. Dick descendit, serra la petite main tendue vers lui et s’éloigna d’un bon pas dans la direction de l’avenue de Wagram, tandis que l’auto emportait Fleuriane vers son logis.

La gentille Canadienne songeait. Tout au fond d’elle-même gémissait un regret, dont elle ne s’étonnait pas. Elle déplorait de n’avoir pas dit à Dick Fann, devenu en quelques heures un ami différent de tous ceux qu’elle s’était connus, la situation extraordinaire d’affection et de confiance qu’il avait acquise en son esprit !

Vers huit heures du soir, la nuit venue, deux hom-