Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/125

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— Le kraton ? Est-ce ainsi que l’on désigne un village.

— Oui, seigneur. Le kraton est, soit une agglomération comme celle-ci, soit l’ensemble des constructions constituant le palais d’un soultani (sultan).

— Et où se rassemble ton kirvi ?

— Sur la place de la Grande Hutte, consacrée au culte de M’Prahu.

À mesure que l’on avançait entre les cases, à demi enfouies sous la verdure, un murmure se discernait.

Il crut, s’enfla, des voix bourdonnèrent, et soudain la litière déboucha sur un vaste espace nu, de forme circulaire, où grouillait une foule bruyante, bigarrée, formant le cercle en avant d’une hutte plus spacieuse que les autres, à la porte encadrée par deux statues de bois, grimaçantes, horribles.

La hutte était le temple du village.

À quelques pas de l’entrée, un pieu peint de jaune et de vert, piqué dans le sol, s’élevait, tel un gigantesque mirliton, haut de deux mètres.

Et, occupant le centre du cercle des curieux, debout auprès du poteau, Fleck et Niclauss aperçurent Albin qui remettait son veston, en souriant.

Tout cela, ils le distinguèrent en l’espace d’une seconde.

Une clameur rugie salua leur arrivée.

— Har or Outau Naï !

— Le second fiancé de la belle Hato !

Des mains empressées saisirent les voyageurs, les tirèrent de la litière. Poussés, traînés, à demi portés, ils se trouvèrent en face d’Albin.

Celui-ci les salua :

— J’ai supporté les épreuves, mon cousin, dit-il négligemment. Il parait que l’on ne m’a compté qu’une seule faute. Je vous engage donc à vous bien tenir.

— Les épreuves !… Quelles épreuves ? balbutia Niclauss.

Gravelotte éclata de rire.

— Oh ! cela, vous le verrez. Je m’en voudrais de vous ôter le plaisir de la surprise.

Et, se tournant vers un prêtre reconnaissable à sa mitre dentelée, à sa longue robe jaune brodée de so-