Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/134

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— Une épreuve dont tous les guerriers sortent victorieux est une simple formalité !

Il s’efforçait de songer uniquement au but à atteindre : la conquête de l’héritage de l’oncle François.

Efforts superflus.

Tandis que son cerveau cherchait à rassembler son courage, ses tibias s’obstinaient à trembler, ses bras à frissonner, ses dents à s’entre-choquer.

Et puis, ce diable de sacrificateur Oraï, il faut bien le reconnaître, n’avait rien de rassurant.

Après les paroles austères prononcées naguère, il s’amusait maintenant à faire tournoyer en l’air un kriss, dont la lame recourbée, frappée par les rayons solaires, lançait autour de lui un poudroiement d’éclairs.

— Il a l’air d’un écuyer tranchant, soupira le patient.

Réflexion qui redoubla son émoi.

— Es-tu prêt ? clama à ce moment Oraï.

C’est à peine si l’Allemand eut la force de répondre.

— Oui.

Le sacrificateur étendit les bras, les yeux fixés sur la voûte céleste.

— Tortionnaires aimés des dieux, je vous livre cet enfant. Interrogez son courage. Dites s’il est digne d’être proclamé guerrier.

Un vacarme indescriptible suivit.

Toute l’assistance hurlait à qui mieux mieux. C’était un charivari assourdissant, une cacophonie infernale, une clameur de saturnale.

Des indigènes firent irruption dans le cercle. Brandissant leurs armes, clamant, sautant comme des démoniaques, ils entourèrent le poteau des épreuves d’une farandole affreuse.

Mais un tintement de clochettes retentit.

Tous s’arrêtèrent à ce signal. Puis, par trois fois, dans le grand silence rétabli, ils lancèrent un : Huffs ! aigu, gémissant, terrifiant.

Enfin, en sourdine, ils modulèrent un chœur sauvage, tandis que l’un d’eux s’approchait de Niclauss.

Pétrifié, celui-ci sentit ses cheveux se hérisser sur sa tête.