Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/138

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Enfin la pointe de la lame se fixa à hauteur de l’estomac.

Un instant encore, le pseudo-vieillard parut en proie à l’indécision ; mais il secoua son chef ridé, et se décidant enfin, se mit à gratter du tranchant, la région stomacale de Gavrelotten.

Quiconque ne s’est jamais gratté l’épigastre avec un service à découper, ne peut se rendre compte de l’effet produit par le contact de l’acier avec la peau.

Tout le corps du patient tressauta, comme sous le passage d’un courant électrique ; les yeux prêts à jaillir de l’orbite, la face convulsée, les lèvres tortillées par un rictus terrifié, l’Allemand hurla :

— Au secours ! Au secours ! Je renonce à Hato… Je renonce…

Sur quoi, sa tête se pencha sur sa poitrine, et il perdit connaissance, soutenu seulement, dans la posture verticale, par les cordes qui l’appliquaient contre le poteau bariolé des épreuves.

Quand, une heure après, sous l’averse de potées d’eau que Fleck exaspéré lui jetait libéralement au visage, Niclauss revint à la conscience, ce fut pour recevoir, de la part du père de Lisbeth, une bordée d’injures ; ce fut pour comprendre, au milieu des propos malsonnants à son égard, que son rival, Albin Gravelotte, vainqueur cette fois encore, était reparti, au grand trot de ses porteurs, afin d’annoncer lui-même à l’oncle François, qu’à la main de Rana, il joignait désormais celle de la bleue Hato.

Le Français avait déjà obtenu deux mains sur huit en mariage.