Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/306

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— Il y a un chemin de fer ?

Ce fut un rugissement qui s’échappa des lèvres du jeune homme.

— Un chemin de fer ?

— Oui, et une station à Mérapi-haus. Un train omnibus y passe à onze heures du soir et atteint Samarang vers neuf heures du matin.

— Neuf heures et il y a…

— Deux cents kilomètres d’ici au port.

— Deux cents… Nous avons juste le temps. Vite, à l’automobile et en route.

Tandis que tous couraient prendre leurs valises, Albin soldait la dépense. Le maître de poste acquitta consciencieusement sa note, et la remettant au Français.

— Je regrette de n’avoir pas renseigné l’honorable Monsieur hier soir, mais en somme, cela n’aurait pas fait arriver le train de Mérapi-haus à Samarang une minute plus tôt, et cela aurait peut-être privé ma maison d’honorables clients, dont je suis le respectueux serviteur.

Pour un peu, Gravelotte eût corrigé cet hôtelier qui, après l’avoir rançonné, semblait se moquer de lui.

Mais il se contint.

La sagesse lui conseillait d’éviter toute cause de retard. Il se borna donc à tourner le dos à l’aubergiste avec le plus hautain dédain, ce qui du reste eut l’excellent résultat de l’empêcher de voir le sourire ironique du faquin.

Évidemment, le personnage avait volontairement gardé le silence et les clients jusqu’au matin.

Mais Lisbeth, Fleck, Gavrelotten, Morlaix revenaient portant leurs sacs de voyage.

L’automobile s’arrêtait à la porte avec un sourd ronflement du moteur.

— En route, ordonna le Français.

Tous prirent place.

Mécanicien, il faut être à Samarang-gare à neuf heures.

— On y sera, monsieur.

Et, sur la route poussiéreuse, sa corne beuglante donnant l’impression d’un monstre apocalyptique en furie, l’automobile s’élança à une vitesse vertigineuse, disparaissant bientôt aux yeux ébahis du