Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/329

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madone et tous les saints vous évitent le malheur qui me permettrait de m’acquitter.

Il y avait une grandeur réelle dans ce miséreux. Ni l’officier, ni la jeune fille ne songèrent à plaisanter la façon pompeuse, reste de l’occupation espagnole, dont il exprimait sa reconnaissance. Seule, Mrs. Anita eut un ricanement qui sonna faux.

Antonio ne daigna pas lui accorder un regard. Il fit un pas vers Stiggs :

— Veux-tu que je te remette le message dont je suis chargé ?

— Certes.

— Le voici.

Ce disant, le Philippin tira de sa poitrine un tube de roseau. Un papier était roulé à l’intérieur. Il le fit glisser en dehors et le tendit à l’Américain avec ces mots :

— J’attendrai ta réponse.

Puis il se porta au sommet du retranchement et là, les bras croisés, les yeux fixés vers la mer ; il parut oublier la présence des assistants.

Cependant l’officier déroulait le papier. Il regarda la signature :

— Albin Gravelotte, murmura-t-il.

— Albin, répéta d’une voix tremblante Daalia devenue pâle.

— Saheb Albin, fit en écho la nourrice Rana.

— N’est-ce point votre cousin, ce gentleman Albin, demanda la créole Anita ?

— Si, madame, si, en effet, lui qui a disparu, avec ses compagnons de l’hôtel Washington.

Et nerveuse, agitée :

— Mais lisez, capitaine, je vous en prie, lisez. Que je sache ce qu’il est devenu. Car s’il lui arrivait malheur, ce serait par ma faute… par ma faute, comprenez-vous mon anxiété.

Stiggs inclina la tête et d’un ton monotone, lut ce qui suit :

« Sous bois, je ne sais où.
« Honoré capitaine,

« Je regrette de me présenter à vous de façon aussi peu conforme aux usages de la civilité puérile et