Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/38

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sortie pour aller choisir une surprise, Fleck s’était informé.

Et alors, ô rage, ô désespoir, le gérant s’était présenté en personne. Avec des circonlocutions courtoises mais énervantes, il avait mis l’Allemand au courant de l’arrestation de la jeune fille.

Dire la stupeur de l’énorme individu est impossible.

Il avait soldé son addition, et, avec l’impétuosité d’une trombe, entraînant dans son sillage le jeune Niclauss Gavrelotten, complètement ahuri, il avait dégringolé l’escalier, traversé le vestibule, fait irruption sur le boulevard.

Hélant une voiture, il s’était fait conduire au commissariat de police le plus proche.

Le commissaire ne savait rien de l’aventure, et pour cause.

Il conclut cependant de son ignorance, que l’arrestation avait dû être opérée par le service central.

Flairant une de ces erreurs fâcheuses qui défraient de temps à autre la chronique de la capitale, le fonctionnaire apaisa de son mieux le père irrité. Il offrit de s’occuper immédiatement de l’affaire. Fleck, bien convaincu, comme tout Allemand qui se respecte, que les choses de police sont mieux faites par des professionnels que par des amateurs, se laissa persuader.

Il retourna à son hôtel, envoya coucher (au propre et au figuré) Niclauss de plus en plus abruti, et resta seul dans sa chambre, où il se livra à des marches et à des contre-marches qui le faisait ressembler à un tigre en cage, un tigre doué d’un abdomen de propriétaire.

À l’annonce d’un visiteur, il rugit :

– Faites entrer de suite.

Le second ravisseur de Lisbeth parut.

– Eh bien ? questionna Fleck en allant à lui, les mains tendues, vous m’apportez des nouvelles de ma fille.

L’interpellé eut un léger sourire en répondant :

– Oui, monsieur.

Élevant ses bras courts vers le ciel en un geste comiquement tragique, Fleck reprit :