Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/398

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La masse de fer entraînait Antonio vers les fonds sous-marin. L’âme du simple et héroïque partisan montait sans doute dans les espaces infinis qu’habitent la miséricorde et le pardon.

Personne à bord ne soupçonna le drame. Quand on s’aperçut de la disparition du métis, on crut à un accident, et le journal du bord porta cette laconique mention.

« Antonio, embarqué à Luçon, disparu eon mer. »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Dix heures du matin. Matelots, passagers, officiers, tout le monde est sur le pont.

Qu’y a-t-il ?

Un marin a signalé un navire à tribord. Oh ! il est bien loin ce navire, presque à l’horizon. C’est un point noir surmonté d’un panache de fumée. Une rencontre de ce genre n’a rien de particulièrement curieux. Pourquoi les lunettes sont-elles braquées sur ce steamer ? Pourquoi les officiers eux-mêmes discutent-ils avec animation ?

— C’est un bâtiment de guerre, déclare le commandant après une inspection attentive.

— Ma foi, reprend le lieutenant, je le crois également. Ses dimensions, la vitesse de sa marche…

— Sa vitesse, interrompit un passager ; vous pouvez vous en rendre compte à pareille distance ?

— Mais oui.

— Cela est fort…

— Fort simple. La route de ce vapeur est à peu près parallèle à la nôtre. Or, j’ai fixé un fil sur le gros bout de ma lorgnette et je me suis aperçu qu’en dirigeant l’instrument de façon que la ligne ainsi obtenue, coupe ce vaisseau, la partie en avant du fil reste sensiblement égale à elle-même.

— D’où vous concluez ?

— Que ce « camarade » de navigation file approximativement autant de nœuds que nous.

Cela encore n’expliquerait pas la curiosité, mêlée d’anxiété qui semble tenir tous les assistants. Il y a quelque chose de plus, le commandant l’exprime :

— Enfin, voilà une heure que cet inconnu se maintient à notre hauteur.

— Oui.