Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/210

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rant principal, s’étaient jetés dans un bras latéral, où le déplacement plus lent des eaux leur permettait d’accélérer la vitesse de la pirogue.

Un bouquet d’arbres, submergé presque jusqu’à la cime, masqua Manaos.

La lune se leva et tous, saisis par la nouveauté du spectacle, oublièrent un moment leurs préoccupations.

À perte de vue, l’inondation étendait sa nappe argentée, que les hautes branches des arbres, dépassant seules le niveau de l’eau, parsemaient d’îlots, partageaient en innombrables bras.

Et Ydna murmura désespérément ces deux vers de la cantilène do Desperado (du Désolé) :

Sur ce désert liquide
Erre mon âme déserte.


XI

LA BOTEARIA DE TEFFÉ


Formé du rio Maranon et du rio Yavari, qui se réunissent à Tabatinga, ville frontière du Brésil et du Pérou, l’immense fleuve des Amazones descend majestueusement vers l’Atlantique, à travers les provinces de Amazonas et de Grao-Para.

Nulle part peut-être au monde, la puissance des cours d’eau, ces agents du nivellement et de la fécondité de notre planète, ne se manifeste avec autant d’ampleur que dans cette partie du globe.

Se déroulant sur un parcours d’environ 7.000 kilomètres, drainant les pluies d’un bassin d’une super-