Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/29

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Le petit plateau qui couronne la hauteur est franchi à une vitesse folle… On s’élance sur la ponte opposée… Le sommet du morne cache aux yeux de l’ingénieur la silhouette menaçante du mont Pelé.

Soudain, une détonation sourde retentit au loin.

— La mine ! murmure le fugitif.

Il n’a pas le temps d’en dire davantage. Une explosion formidable, assourdissante, ébranle l’atmosphère… Il semble qu’une voûte de feu cache le ciel. Le sol tremble, les rochers s’ébranlent et le cheval s’abat, entraînant dans sa chute ceux qui le montent.

Et tous demeurent immobiles, anéantis, inanimés, sur la terre que secoue un roulis sinistre, qui vibre sous d’incessantes détonations, au milieu d’un air embrasé qu’on dirait vomi par la gueule d’un four.


II

DEUX CŒURS SOUS LES CENDRES


Combien de temps dura l’anéantissement de Jean ? Il lui eût été impossible de le préciser.

Une impression de suffocation, de chaleur intense, précéda son retour à la sensibilité. Il ouvrit les yeux. Mais il les referma aussitôt.

Il lui avait semblé que, devant son rayon visuel, était tiré un voile opaque de brume grise, au milieu de laquelle passaient des jets de feu.

— Ah çà ! murmura-t-il, c’est encore le résultat de la commotion… Troubles nerveux se traduisant par une atrophie momentanée de la vision.

Ce raisonnement scientifique était prononcé d’une voix incertaine.