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X

LE DÉFI À LA MORT


Quatre heures du matin sonnaient aux horloges de la ville endormie.

Un brouillard épais, compagnon habituel de la nuit dans cette région largement arrosée, couvrait l’agglomération de son manteau de vapeurs.

Dans les rues, les réverbères, alimentés à l’acétylène, ne réussissaient pas à percer le voile de brume, et les ruisseaux ménagés au centre la chaussée demeuraient dans l’ombre, tendant sous les pas du promeneur, assez audacieux pour déambuler à cette heure, les traquenards de leurs flaques d’eau croupie et des immondices accumulés en tas.

Cependant la porte d’une maison située sur la Praza da Pena (place du Pénitencier), vis-à-vis de la façade sombre de la prison, s’ouvrit doucement.

Un homme sortit, drapé dans un ample zaropoo (manteau de poil de vigogne) et se dirigea vers la caes dos Soldados.

— Quel brouillard, murmura-t-il, il sera bon d’en profiter.

Il passa dans l’étroite zone lumineuse voisine d’un réverbère, et l’on put apercevoir les lunettes bleues, le nez bourgeonné d’Alcidus.

Le faux courtier, ou plutôt Jean, se mettait en route de bonne heure.

L’ingénieur avait passé une nuit atroce.

En dépit de la confiance manifestée la veille en présence de Pedro, de l’heureuse issue de la manifestation, organisée par lui au théâtre, une angoisse mortelle l’avait tenu éveillé.