Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/431

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— Parce que, en ce moment, nous devons employer tous nos efforts à empêcher la découverte d’un noble esprit de devenir une arme de voleurs, un moyen criminel. L’honneur de Roland veut que la solution du problème, auquel il consacra sa vie, ne serve pas à créer des hontes nouvelles.

Stella remercia Jean d’un regard, Pedro courba tristement la tête, et la petite troupe s’enfonça au galop dans la barranca où Olivio l’avait précédée.



XV

LA DERNIÈRE PENSÉE DU CRIME


Une pauvre cabane se dressait au bord de la route, abritée par de robustes acajous, entre lesquels se balançaient des lianes, courant de l’un à l’autre ainsi que les cordages d’un navire.

La route, nom prétentieux, était une sente envahie par les herbes, bossuée par les racines, exigeant du cavalier une attention soutenue, sous peine de chutes dangereuses.

À droite et à gauche, d’impénétrables fourrés, silencieux, mornes, d’où s’échappait un air lourd, humide, respiration empoisonnée de la forêt vierge.

Bien n’est douloureux, désespérant à parcourir comme la forêt américaine. C’est le silence, c’est le désert.

Les clairières seules ont des chants d’oiseaux, des babillages de perruches, des sifflements de singes.

Mais combien de journées de marche les séparent les unes des autres !

Une fois engagé sous les arbres de la Montana, il semble que l’on soit sorti de la vie, que l’on soit entré dans la mort.