Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/439

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En tête de la petite troupe, droite sur sa selle, les yeux emplis de lueurs, elle allait, telle une fée vengeresse, gardienne du secret divin de la forêt inviolée.

Le sol, formé d’humus, absorbait le bruit des sabots des coursiers. On eût dit une caravane d’ombres.

— Au galop !… Il n’y a aucun obstacle, prononça la voix d’Ydna.

Et tous pressèrent les flancs de leurs montures, qui partirent à fond de train.

La petite troupe n’alla pas loin. Après dix minutes de course vertigineuse, un rauquement formidable retentit en avant, presque aussitôt doublé par un rugissement étouffé. Chacun retint son cheval.

— Des jaguars !

Jean lança une exclamation rageuse :

— Je n’ai plus que deux ampoules de verre, dont je ne puis me séparer, sous peine…

Mais la prêtresse l’interrompit :

— Il fait jour, les jaguars n’attaqueront pas, si nous ne nous occupons pas d’eux.

— Soit, mais il faut passer.

— Nous passerons.

Parfaitemain, mon bon, fit Massiliague en riant.

Avec un tout aussi admirable sang-froid, la jeune fille ajouta :

— Restons groupés et à toute allure.

Elle en tête, les voyageurs en peloton serré, les chevaux déchirés par les éperons s’élancèrent en une foulée éperdue, accélérés encore par les rugissements des félins dont le sauvage concert ébranlait les échos de la forêt.


XVI

LE TEMPLE DU SOLEIL


Une caverne immense. Des piliers, formés par des stalactites et stalagmites de couleurs variées, tantôt