Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/47

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Comme si une invisible main s’était étendue sur son front, la jeune fille se courba en avant. D’une voix légère, ainsi qu’un souffle, elle murmura :

— Merci, père !

Puis, les mains jointes, les yeux mi-clos, elle parut s’absorber en une ardente prière.


III

LE SANG DES INCAS


Debout, le chapeau à la main, — car, pénétré d’un instinctif respect, il s’était découvert, — Jean demeurait pensif, immobile, évitant de faire un geste, afin de ne pas troubler la méditation de sa compagne.

Bientôt elle se redressa. Ses yeux étaient humides, mais une résolution courageuse s’y lisait.

Elle se rapprocha de Jean, lui prit la main, et d’une voix ferme, avec une majesté souveraine :

— Mon père m’a parlé. J’accepte votre dévouement.

Il voulut répondre, remercier. Elle l’interrompit :

— Ne prononcez point de paroles inutiles. Je vois dans votre cœur comme dans le mien. Mais prêtez-moi toute votre attention. L’heure est venue de vous dévoiler le mystère, auquel la fatalité, le hasard ou la Providence vous a mêlé.

Il la considérait avec étonnement.

La jeune fille, naguère apeurée et gémissante, ne donnait plus l’impression de la faiblesse.

Doucement elle l’entraîna au dehors, et, lui montrant un monceau de débris :

— Asseyons-nous, et écoutez.

Impressionné par son accent, il obéit. Un instant,