Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/201

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acheva Gairon. Je crois que tu as raison. Aussi bien, le chemin parcouru depuis le Rio Pecos, a dû nous conduire à peu près aux environs des Salinas.

— Alors, attention, car ceux que nous pourchassons se sont certainement arrêtés au nord d’un des lacs salés, pour y attendre que la grande chaleur soit passée.

— Oh ! les Peaux-Rouges, se moquent du soleil.

— Ils le disent, chef, ils, le disent. Seulement quand il ne s’agit pas de parader devant un blanc, ils se mettent volontiers à l’ombre.

Sans doute, Francis partageait cette manière de voir, car en approchant du sommet de la hauteur, il ralentit le pas, se courba, et finit par s’allonger sur la terre brûlante pour ramper jusqu’à la crête.

L’engagé l’imitait de point en point.

Leur tête dépassa le sommet. Ils eurent une même exclamation :

— Les Salinas !

Une dépression se creusait, parsemée de mares, de lagons, aux eaux d’un gris d’acier sous la clarté du soleil. Des arbres aux racines aériennes, de l’espèce des palétuviers, croissaient sur la bordure marécageuse des nappes liquides, leur formant une ceinture verdoyante.

Juste en face d’eux, la ligne des arbres s’interrompait, laissant libre une plage de sable aux tons d’or, et là, étendus dans l’étroite bande d’ombre courant parallèlement à la lisière du taillis, une vingtaine de guerriers indiens semblaient se livrer aux douceurs du sommeil.

— Comanches, souffla tout bas l’engagé.

C’était exact. Aux ornements de leurs manteaux, à la disposition de leur scalp, les farouches coureurs de la prairie ne pouvaient être confondus avec les guerriers d’une autre tribu.

À cent pas du camp environ, un factionnaire debout, appuyé sur son fusil, veillait, séparé de ses compagnons par une pointe de buissons qui s’avançait ainsi qu’un cap entre la berge du lac et la plaine environnante.

Sans nul doute, les Peaux-Rouges se croyaient à l’abri de toute surprise. Leur tranquillité, l’attitude nonchalante de leur sentinelle, le démontraient surabondamment. Un instant, les chasseurs restèrent silencieux :