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Page:J. M. C.- Précis des gémissemens des sang-mêlés dans les colonies françoises, 1789.djvu/7

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En proie à toutes les passions violentes, écrasés sous tant de foudres, quel est donc notre crime ? Avons-nous tramé quelques conspirations contre les Loix de notre Patrie, contre les intérêts du Prince ? A-t-on jamais vu en nous le moindre effet du désespoir, malgré les vexations toujours renouvelées ? et peut-on être fondé à nous supposer une prédilection plus particulière pour l’esclavage que pour la liberté ?

La couleur des Noirs désigne l’Afrique elle seule, sous nos Loix, est astreinte à quelques redevances envers leur patron ; sa destination est connue. La couleur des Sang-mêlés désigne l’Amérique ; ce Continent, ni la Constitution de la Monarchie Françoise ne connoissent point d’esclaves dans leurs Citoyens originaires. C’est donc encore une injustice de nous confondre avec les Nègres, injustice d’où naît leur insubordination extrême envers nous. On voit des Africaines sortant des fers, portant même des vestiges du châtiment de leur méchanceté, avoir pour esclaves des Mulâtres, des Quarterons, des Tiercerons, fruits du libertinage des Européens : voilà où cette malheureuse couleur est réduite.