Page:Jacob - Souvenirs d’un révolté.djvu/8

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Pélissard garda le silence.

Comme ce n’était ni le lieu ni le moment d’entamer une discussion, je dis à Pélissard de rester au coin de la place du Pilori pour faire le guet, pendant que moi et Bour irions faire le tour par la rue de l’Hôtel-de-ville.

Pélissard, qui ne demandait pas mieux que de rester dehors, consentit aisément.

Je partis avec Bour. En chemin je fumais une cigarette tout en maugréant contre l’attitude de Pélissard. Un instant, l’idée me vint d’aller reprendre le train. J’en fis part à Bour.

— Maintenant que l’ouverture est faite, il vaut mieux aller jusqu’au bout, me fit-il remarquer.

Après plus mûre réflexion, je me rangeai à cet avis et nous nous dirigeâmes vers la rue des Carins. Comme nous arrivions au portail où j’avais caché la grille du soupirail, quel ne fut pas notre étonnement d’y rencontrer Pélissard.

— Ce n’est pas très prudent ce que tu fais là, lui dis-je. Tu aurais dû demeurer là-bas.

— Bah ! Je ne fais que d’en partir. Je n’ai rien vu d’anormal. Tout est bien tranquille.

Rassurés par ses dires, sitôt arrivé à la fenêtre, je l’ouvris et pénétrai à l’intérieur. Tous deux me suivirent. Bour referma les contrevents et se mit à son aise en s’asseyant sur un fauteuil pour faire le guet. J’allumai la lampe, et accompagné de Pélissard nous commençâmes nos investigations. La pièce où nous nous trouvions n’était presque pas meublée : quelques tableaux sans valeur, un vieux bahut, une chaise longue sur laquelle étaient entassés différents objets mobiliers en faisaient tout l’ornement.

Nous passâmes au salon du rez-de-chaussée. En passant sous la voûte de l’allée, j’allai verrouiller la porte d’entrée, afin qu’en cas d’alerte nous puissions avoir le temps de fuir tout à notre aise par le jardin donnant du coté du lycée.

En entrant dans le salon, qui devait servir aussi de salle à manger, à gauche, se trouvait une armoire vitrée renfermant des bibelots ainsi que quelques pièces d’argenterie. Lorsque Pélissard eut pris l’argenterie :

— Montons au premier étage, lui dis-je. Nous ferons le rez-de-chaussée au retour. Veux-tu ?

— Comme tu voudras. Mais avant laisse-moi prendre ce parapluie.

Et joignant le geste à la parole, il prit cet objet qui se trouvait tout à coté de l’armoire vitrée.