Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/14

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les incidents variés d’un voyage de plus de deux mois (le Canal de Suez n’était pas encore percé), pour entrer en plein dans l’étude des mœurs et coutumes des diverses races habitant la Cochinchine à l’époque dont je parle. Un séjour non interrompu de cinq années dans cette colonie, que je devais revoir vingt-cinq ans plus tard, me permet de garantir la maturité de mes observations.

Quelques mots sur le Saïgon primitif. — L’impression produite par le Saigon de cette époque est bien celle décrite par Pallu de la Barrière, deux ans seulement après la conquête de 1861, car, jusqu’à la prise du camp retranché de Ki-hoa, l’occupation de Saïgon ne pouvait avoir qu’un caractère provisoire :


« Le voyageur qui arrive à Saïgon aperçoit, sur la rive droite du fleuve, une sorte de rue dont les côtés sont interrompus, de distance en distance, par de grands espaces vides. Les maisons, en bois pour la plupart, sont recouvertes de feuilles de palmier nain, d’autres, en petit nombre, sont en pierre. Leurs toits, de tuiles rouges, égayent et rassurent un peu le regard. Ensuite, c’est le toit recourbé d’une pagode ; un hangar hors d’aplomb qui sert de marché, et dont le toit semble toujours prêt à glisser sur la droite. Sur le second plan, des groupes de palmiers arac s’harmonisent bien avec le sol de l’Inde ; le reste de la végétation manque de caractère. Des milliers de barques se pressent sur le bord du fleuve et forment une petite ville flottante. Il n’y a plus ensuite grand chose à voir à Saïgon, si ce n’est, peut-être, le long de l’arroyo Chinois, des maisons assez propres et en pierre, dont quelques-unes sont anciennes, dans les massifs d’aréquiers ; plus loin, sur les hauteurs, l’habitation du Commandant Français, celle du Colonel Espagnol, le camp des Lettrés, et c’est tout ou à peu près. »