Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/219

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vent, voyageant de caravane en caravane. Quand il tombe en route, malade et épuisé, on le laisse crever par terre comme un chien, et son cadavre devient la proie des chacals et des hyènes.

Tous les efforts du gouvernement Français tendent à mettre fin à cet horrible trafic, mais se heurtent contre la routine et le mauvais vouloir des Nègres eux-mêmes. J’ai dit que le Sarrakholais, la race la plus intelligente du Sénégal, fournissait la plus grande partie des Dioulas, conducteurs de caravanes. Les postes Français ont ordre d’arrêter les caravanes, mais celles-ci font de longs détours et savent échapper ainsi à la surveillance. Quand les habitants d’un village sont mis en captivité, on commence par massacrer tous les mâles au-dessus de quinze ans, et les vieilles femmes. Le reste est emmené en esclavage et vendu souvent à un prix dérisoire.

La question de l’esclavage. — Cette question de l’esclavage est la pierre d’achoppement qui empêchera toujours la civilisation Européenne de s’étendre. On ne fera jamais comprendre au Noir qu’il n’a pas le droit de vendre ou d’acheter au marché son semblable, comme une tête de bétail. Mais entre le Noir fétichiste de l’intérieur de l’Afrique, ou de la côte du Dahomey, qui égorge son esclave, et le Mahométan, qui le fait travailler durement, il est vrai, mais qui en a soin comme d’une bête de labour, la distance est immense.

Nos efforts pour supprimer l’esclavage ne font que nous aliéner les populations, et si la vente des esclaves est interdite publiquement, il s’en fait quand même un trafic presque ouvert dans les peuplades de l’intérieur. À Saint-Louis même, où se trouve tout l’appareil compliqué de la Justice Française, il existe, malgré tout, des esclaves ramenés de l’intérieur par les traitants. Ils sont déguisés sous le nom de domestiques et, en réalité, ce