Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/227

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son chapelet, s’il est musulman fidèle ; quelquefois il coud les vêtements, travail peu fatigant qu’il a su se réserver. Pendant ce temps, la femme vaque à tous les gros ouvrages : c’est elle qui cultive, fait les récoltes, soigne les animaux, pile et prépare le couscous. Cette opération de piler le mil constitue un travail très pénible et oblige la femme à se lever au milieu de la nuit, car il faut plusieurs heures de battage pour faire du grain de mil, gros et consistant comme un grain de maïs, une farine grossière. L’après-midi le travail recommence. C’est en vain qu’on a essayé à Saint-Louis d’introduire les moulins à eau pour le broyage du mil : les Nègres s’y sont toujours refusés, disant que leurs femmes n’auraient plus rien à faire si elles ne pilaient pas.

Somme toute, l’état social de la Négresse n’est pas pire que chez beaucoup de peuples civilisés, même en France, où dans certaines régions les paysannes travaillent à la terre comme les hommes. Si, quand le mari rentre de la guerre, de la chasse ou du pillage, il ne trouve pas tout en ordre dans l’intérieur du ménage, il crie, rudoie et quelquefois cogne un peu la femme ; pense-t-on que dans beaucoup de ménages du peuple cela ne se passe pas ainsi chez nous ? Lisez l’Assommoir et la Terre, de Zola, et vous me direz si notre civilisation tant vantée est de beaucoup supérieure à celle du pauvre Noir. Les Nègres, hommes et femmes, aiment beaucoup leurs enfants, les rudoient rarement et ne les frappent presque jamais. Combien y a-t-il de parents civilisés en Europe qui puissent en dire autant ?

Le mariage dans la race Noire. — Achat de la femme par le mari. — Le mari achète sa femme, chez tous les Noirs, musulmans comme fétichistes : c’est incontestable : et les Annamites donc ! et tant d’autres peuples plus civilisés que les pauvres Noirs ! Dans tous les cas, la