Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

quelques sous pour se procurer une femme ; mais il trouve difficilement son affaire à Saint-Louis, où il n’est pas en odeur de sainteté, méprisé qu’il est par le traitant Yolof, musulman fanatique. Il épouse quelquefois la veuve d’un copain qui vient de mourir, et le plus généralement se procure une femme dans les expéditions de l’intérieur, à la mode des Romains. Ce sont les captives, femmes ou filles des vaincus, qui fournissent la majeure partie des femmes des Tirailleurs. Le livre du colonel Frey, auquel je renvoie le lecteur, donne à ce sujet des indications précises. J’ai vu, à Saint-Louis, des femmes provenant de tous les coins de la Sénégambie et du Haut-Soudan. Tout cela faisait bon ménage ensemble.

Leur peu de fidélité. — Les femmes de Tirailleurs m’ont paru être moins fidèles que les autres Négresses. Mais ceci tient évidemment à leur milieu social. Les Tirailleurs à Saint-Louis reçoivent une solde fixe et ne sont pas nourris. Les célibataires prennent pension, moyennant finance, dans un ménage, et souvent même couchent dans la case. On conçoit que cette promiscuité favorise le laisser-aller des mœurs. Aussi la femme du Tirailleur est-elle considérée avec autant de mépris par une Négresse Yolof de Saint-Louis, qu’une cantinière par la femme d’un banquier, en Europe.

Qualités de la femme du Tirailleur. — Cependant cette femme possède des qualités extraordinaires. Sans elle, il serait absolument impossible de faire opérer les colonnes dans l’intérieur. Le Tirailleur, en effet, ne porte pas de sac, jamais l’autorité militaire n’a pu le décider à porter l’as de carreau de nos fantassins. En expédition, son chargement consiste en une musette de toile à voile renfermant des vivres, et une toile de tente-abri, roulée en sautoir de gauche à droite, dans laquelle sont placés quelques paquets de cartouches de