Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/250

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une autre prend sa place, et ainsi de suite, jusqu’à ce que toutes y aient passé. »


Écrivant pour tous un ouvrage littéraire, l’auteur n’a pu tout dire, et a dû se tenir dans la plus grande réserve. N’étant pas arrêté par les mêmes raisons, je dirai que anamalis fobil… veut dire danse du canard amoureux. Le danseur, dans ses ébats, simule le coït du gros canard d’Inde dont la verge, en forme de tire-bouchon, nécessite une manœuvre spéciale pour son introduction dans le cloaque de la femelle. De son côté, la femme trousse son pagne ou son boubou, et agite convulsivement la partie inférieure du corps dans un mouvement de déhanchement incroyable des reins ; elle montre et cache alternativement la vulve à son partenaire, par un balancement régulier, d’avant en arrière, imprimé à tout le corps. La vue d’un Toubab ne gêne en rien la rage érotique de la danseuse, qui au contraire redouble ses trémoussements tout en lui adressant des paroles obscènes, surtout si la danseuse est une vieille femme. Ce sont celles-là qui sont les plus enragées, comme le fait remarquer Loti : « Les vieilles femmes se distinguent par une indécence plus cynique et plus enragée. L’enfant que souvent elles portent, attaché sur leur dos, affreusement ballotté, pousse des cris perçants ; mais les Négresses ont perdu, en pareil cas, jusqu’au sentiment maternel, et rien ne les arrête plus ».

J’ai dit que l’anamalis fobil se danse tranquillement dans les rues et sur les places de Saint-Louis, sous l’œil paternel de l’autorité. Du moins il en était ainsi encore, il y a à peine une dizaine d’années.

Danse du ventre des Landoumans et du Rio-Nunez. — Les Kassonkés et les Sarrakholais ont également une danse lascive, mais d’un caractère érotique moins pro-