Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/265

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riture de l’oignon cuit avec de la viande, et comme boisson le jus qu’il faisait exprimer d’oignons préalablement pilés et qu’il mélangeait avec du miel. Mimoun, de son côté, demanda des jaunes d’œufs et du pain.

 » Cependant Abou el Heïdja réclama à Zohra la faveur de la besogner, s’appuyant sur ce fait qu’il avait rempli son engagement. Elle lui répondit : — « Oh ! c’est impossible ! la clause à laquelle tu as satisfait est inséparable de celles dont l’accomplissement est exigé de tes compagnons. Que le traité reçoive en entier son exécution, et tu me verras fidèle à ma promesse ! Mais qu’un seul d’entre vous manque à sa tâche, et vous serez tous mes prisonniers par la volonté de Dieu ! » Devant cette fermeté, Abou el Heïdja se résigna à s’asseoir au milieu des femmes et des jeunes filles, avec lesquelles il se mit à manger et à boire, en attendant le terme de l’épreuve de ses compagnons.

 » Au début, Zohra, qui avait la conviction qu’ils seraient bientôt tous à sa merci, était d’une amabilité et d’une prévenance qui augmentaient chaque jour, en même temps que sa joie. Mais, lorsqu’arriva le vingtième jour, elle commença à donner des marques de tristesse, et au trentième elle ne put plus retenir ses larmes. C’était, en effet, le terme de l’épreuve imposée à Abou el Heïloukh, qui, s’en étant tiré à son avantage, prit place à côté de son ami, au milieu des femmes et des jeunes filles qui continuaient à manger tranquillement et à boire abondamment.

 » Dès lors la princesse, qui n’avait plus d’espoir que dans le nègre Mimoun, compta que celui-ci se fatiguerait et ne pourrait arriver au bout de l’épreuve. Elle envoyait chaque jour prendre des nouvelles près de Mouna, qui répondait que la vigueur du nègre allait toujours en s’accroissant, et elle se désespérait, voyant déjà Abou el Heïdja et ses compagnons sortir vainqueurs de leur entreprise. Un jour, elle leur dit : — « J’ai envoyé prendre des nouvelles du nègre, et Mouna m’a fait savoir qu’il était épuisé de fatigue. « À ces paroles, Abou el Heïdja s’écria : « Par Dieu ! s’il ne mène pas sa tâche à bonne fin, et même s’il ne dépasse pas de dix jours