Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/291

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aidera, au besoin, à descendre des embarcations : il ne s’emparera de rien. Il est généreux. Donnez à un Canaque une bouteille d’eau-de-vie ou un bon morceau à manger : il partagera avec ses compagnons. Il est fier et ressent vivement l’injure. Malgré les déprédations des bestiaux des colons qui dévoraient ses plantations de taro et d’ignames, le Canaque ne se serait jamais révolté, sans la malheureuse idée qu’eurent les gendarmes de la Poya d’arrêter treize chefs de tribus et de leur mettre les menottes. Le lendemain, les treize tribus se mirent en pleine insurrection.

Causes de l’Insurrection de 1878. — L’insurrection des Canaques, commencée par le meurtre des gendarmes de la Poya, continua par le pillage et l’incendie des habitations des colons. Elle devint une guerre de races. Ce fut un jeune Canaque élevé chez les gendarmes, qui conduisit ses compatriotes à l’attaque et à la destruction de la gendarmerie. Plus loin, j’apprécierai le rôle joué par certains autres Canaques élevés au milieu des Européens.

Bravoure du Canaque. — Ses armes. — Cette insurrection montra toute la bravoure du Canaque, qui, avec les armes primitives de la barbarie, osa attaquer le civilisé muni des engins les plus perfectionnés.

L’arme principale du Canaque est le tamio, petite hachette assez longuement emmanchée, ou le casse-tête à bec d’oiseau. C’est l’arme du combat de près. Pour engager le combat de loin, il a la fronde qui lance des pierres ovoïdes polies, puis trois ou quatre sagaies en bois mince et flexible, qu’il lance à quinze ou vingt pas, comme le légionnaire Romain lançait son pilum, et, dans le corps à corps, il emploie le tamio ou le casse-tête. Avec ces armes préhistoriques, il ne craignit pas d’attaquer des soldats braves, armés de Chassepots, et