Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/296

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avant et en arrière par un mouvement d’une souplesse extrême, interrompu par moments par un soubresaut lascif. C’est la mimique du mouvement de la femme dans le coït. Les hommes tournent en rond tout autour, sautant, bondissant, s’accroupissant et lançant leur ventre en avant, au moment où ils se relèvent, pour simuler le mouvement du pénis dans le coït.

Le Pilou-Pilou des anthropophages. — Quoique le Canaque ait aujourd’hui de la volaille et du porc, il n’en a pas moins conservé le goût atavique de la chair humaine. On m’assurait, pendant mon séjour en Nouvelle-Calédonie, que dans la tribu de Canala, de temps en temps, on mangeait dans un pilou-pilou monstre des captives provenant des tribus insurgées en 1878. Je ne puis certifier le fait, ne l’ayant point vu, mais je puis donner ici des extraits d’auteurs sérieux qui prouvent la persistance de cette épouvantable perversion humaine. C’est d’abord le massacre de l’Alcmène. La chaloupe de ce bâtiment allait à terre faire de l’eau. On avait mis, pour la forme, trois mousquetons au fond de la chaloupe. Il descendit à terre quatorze Blancs dont deux officiers, et il resta pour garder la chaloupe le quartier-maître et deux matelots. Aux cris poussés dans la brousse, ces derniers comprirent qu’on égorgeait leurs camarades. Ils essayèrent de gagner à la nage l’Alcmène, mais, rattrapés par les Canaques, ils furent ramenés à terre, liés, et assistèrent au dépeçage de leurs infortunés camarades, qui furent cuits et mangés dans un pilou-pilou monstre.

L’insurrection de 1868, la première, avait débuté par le massacre d’un sergent et de huit hommes, envoyés dans une tribu pour ramener de force une corvée qui devait construire la route de Nouméa. Les soldats, accueillis amicalement, formèrent leurs fusils en faisceaux, et se dispersèrent. Ils furent alors en un clin d’œil