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aux Nouvelles-Hébrides. Chaque femme n’a généralement qu’un mari, et même les chefs de tribu sont polygames.

Mariage. — Le mariage se fait selon certaines cérémonies sans aucun caractère religieux, et qui n’ont d’autre but que de bien marquer la possession de la femme par le mari. C’est dans les pilous-pilous que le jeune homme distingue sa future femme. Il ne s’inquiète pas de l’état de son cœur, mais fait sa déclaration au père de la fille. Si celui-ci ne s’y oppose pas, on demande l’autorisation du chef de la tribu, auquel le fiancé doit soumettre sa demande. Quand le consentement est accordé, la fille doit obéir.

Il y a encore une autre manière de se procurer des femmes. Quand deux tribus voisines sont en paix, deux jeunes gens de chacune des tribus peuvent échanger entre eux leurs sœurs, avec l’assentiment du père. Mais alors le chef de chaque tribu a droit à un cadeau du Canaque de l’autre tribu. Dans ce cas aussi, le consentement de la fille n’est pas nécessaire. Si une fille ou femme n’a pas de parents mâles, c’est le chef de la tribu qui l’accorde en mariage, et souvent la prend pour lui.

Quand une femme est trop maltraitée par son mari, elle peut se mettre sous la protection d’un autre homme, pour être ensuite sa femme. Dans ce cas spécial très rare, la femme devient l’objet d’un combat entre les deux hommes, combat en champ clos, à coups de casse-tête, analogue au tournoi de deux chevaliers du Moyen-Âge. Si le protecteur de la femme est vaincu, son mari l’assomme généralement et les deux corps font les frais d’un pilou-pilou qui leur sert de cérémonie funèbre.

Quand un chef vient à mourir, s’il avait plusieurs femmes, le nouveau chef choisit à sa guise dans le sérail du mort ; celles qui ne lui plaisent pas sont pendues ou