Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/361

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le rendent gai et joyeux ; le mauvais temps le rend triste et songeur. Il est accessible à toutes les rêveries de l’imagination. La froide religion protestante n’a pu lui enlever sa croyance aux superstitions, le seul reste de la religion de ses aïeux ; il redoute la solitude des grands bois, l’obscurité de la nuit, car il craint d’y apercevoir des Tupapan, esprits et ombres des morts. Si ses peines sont courtes et vives, sa gaîté est folle et communicative. Avant tout et par-dessus tout, le Maori Tahitien aime le plaisir.

Mariages. — Détail qui a sa valeur, le prêtre Tahitien, dont l’influence était autrefois si considérable, n’est jamais intervenu dans le mariage, qui est toujours resté, à la Nouvelle-Cythère, la manifestation de la volonté formelle des conjoints, sans aucune consécration religieuse. Cook décrit cependant les cérémonies du mariage Tahitien, comme on le verra plus loin, quand je parlerai des anciennes mœurs.

Rôle de la femme dans la race Maorie. — Si le Tané n’achète pas sa femme, celle-ci cependant n’était pas son égale chez les anciens Tahitiens. À table, elle ne mangeait pas avec son mari, elle ne pouvait pas être prêtre ; l’accès des Maraé lui était interdit. Cependant les filles de race royale pouvaient hériter de la couronne. La loi Salique n’a jamais été en vigueur à Tahiti ; bien loin de là, la descendance se transmet par les femmes, les Tahitiens estimant, non sans raison, que si l’on est certain d’être sorti des flancs d’une femme, on ne l’est jamais de son générateur mâle, et le fameux axiome du droit Romain : Pater is est quem nuptiæ demonstrant, n’a jamais trouvé d’application à Tahiti.

Naissances. — Le tabou. — La mère de l’enfant nouveau-né devenait tabou. Elle ne devait rien toucher de ses mains pendant un laps de deux mois, et c’étaient