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Grecs, sur le théâtre de Sophocle et d’Euripide. Il faut entendre l’hyménée, pour bien comprendre son originalité, par un soir de beau clair de lune, illuminant les groupes de danseuses entraînées par la upa-upa.

La upa-upa. — C’est généralement le soir d’un jour de fête, et après les délices d’un joyeux festin, que l’on danse la upa-upa. Cette danse lascive fait apparaître sous son vrai jour le caractère du Tahitien. Danse nationale, elle n’a rien qui lui ressemble dans aucun pays du monde. Elle s’exécute la nuit, aux rayons de la lune, la Hina, l’ancienne divinité féminine des Tahitiens, éclairant de ses rayons d’argent l’assemblée, sous un ciel transparent où les étoiles de la Croix du Sud brillent comme des diamants. Là, sous l’ombre des arbres, et sur le vert tapis d’un moelleux gazon, danseurs et danseuses s’agitent, en proie à une joie infinie. En vain la pudibonderie Britannique a cherché à réprimer la licence de la upa-upa. La jeune reine Pomaré, dans la fleur de ses seize ans, à qui les Révérends Anglais voulaient interdire la upa-upa, répondit en organisant une upa-upa monstre à l’île Mooréa, et devant son peuple, simplement vêtue d’une dentelle transparente, offerte par les Révérends, et qui dessinait les formes de son corps royal, esquissa une danse des plus lascives.

J’ai recours une fois de plus à la plume de Loti, pour faire comprendre au lecteur le caractère de cette danse : « Chaque soir, c’était comme un vertige. Quand la nuit tombait, les Tahitiennes se paraient de fleurs éclatantes : les coups précipités du tam-tam les appelaient à la upa-upa, et toutes accouraient, les cheveux dénoués, le torse à peine couvert d’une tunique de mousseline, et les danses affolées et lascives duraient souvent jusqu’au matin. Les Tahitiennes battaient des mains et accompagnaient le tam-tam d’un chant en chœur, rapide et