Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/365

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les coudes frappant le corps en cadence avec des mouvements qui ressemblent à des frémissements, à de légers battements d’ailes, les membres inférieurs se relevant et s’abaissant tour à tour selon le rythme : telles elles se présentent à nous. Et quand elles ont fini leur couplet, qui se termine toujours sur une note dernière longuement prolongée, elles arrêtent leur danse et, subitement, redeviennent froides : on ne croirait plus que ce sont les mêmes femmes. Alors l’une d’elles, se tournant vers moi avec le plus parfait dédain, et un ton de commandement qui n’admettait pas de réplique : « Farani » (Français) « apporte de la bière ». La femme de ce pays est un animal sauvage trop charmant pour qu’on refuse d’accéder à ses caprices : je m’empresse d’offrir des bouteilles. Sans perdre de temps, elles se passent successivement à la ronde un verre, qu’elles remplissent de rhum et de bière, et l’avalent d’un seul trait. Puis, se transformant de nouveau en créatures idéales, elles recommencent un autre couplet qui s’achève de la même manière par un brusque arrêt et une seconde demande : « Farani, encore de la bière. » Chants et danses alternent ainsi avec les libations sans le moindre intervalle. L’excitation arrive à son comble. Au milieu des jardins de cocotiers, ces jeunes beautés aux toilettes claires, avec leurs couronnes de roses sur leurs magnifiques cheveux noirs, ressemblent à des Nymphes en leurs ébats voluptueux, dans l’exubérance d’une griserie d’amour. Voici l’heure de disparaître, l’orgie va bientôt commencer. Quittons ces lieux : il vaut mieux emporter, sans l’altérer, le souvenir de cette inoubliable vision. »

Maladies. — Disparition rapide de la race Maorie pure. — Avant la découverte de l’île, les principales maladies étaient les douleurs rhumatismales provenant souvent de l’abus des bains froids, et l’éléphantiasis, ca-