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Ses bijoux ont disparu. Elle raconte, au milieu d’un déluge de pleurs et de lamentations criardes, qu’elle vient d’être assaillie, à son retour, par une bande de voleurs qui ont voulu lui faire subir les derniers outrages et l’ont dépouillée entièrement.

L’Européen console la belle affligée et va porter plainte à la police. On lui apprend, quelques jours après, que la prétendue victime était allée jouer au baquan dans un tripot clandestin, où elle a tout perdu jusqu’à sa dernière chemise. Et alors l’infortuné Pha-lan-za (c’est la prononciation Annamite du mot Français) calcule mentalement que c’est pour lui une perte sèche de cent quatre-vingts à deux cents piastres ; il entrevoit avec terreur, à bref délai, l’achat qu’il lui faudra faire de robes neuves et de bijoux. Furieux, il administrera peut-être, en rentrant, une volée de rotin à la coupable et la mettra à la porte. Le plus souvent, il paie pour avoir la paix, jusqu’à ce que cette comédie recommence.

Le baquan, d’origine Chinoise, est un jeu qui, en Cochinchine, remplace la roulette de Monaco. Sur une table, et même sur le sol, dans les tripots de bas étage, est étendue une natte ; sur cette natte est posée une petite table carrée en bois, avec les quatre chiffres 1, 2, 3 et 4, en Chinois et en Français, placés chacun au milieu de chaque côté de la planchette. On place les mises sur un des numéros et l’un peut stipuler certaines conventions spéciales à l’aide d’un petit carton, rouge ou jaune, en caractères Chinois, que l’on pose sur sa mise. Quand le jeu est fait, le croupier, qui a devant lui un petit tas de sapèques Chinoises en cuivre jaune, englobe un certain nombre dans une petite tasse à thé sans queue qu’il pose sur ce tas, et ramène la tasse au milieu de la table en l’éloignant du tas. Ayant ainsi séparé le nombre de sapèques qui doit décider du coup, il enlève la tasse.