Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/373

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Arrioys a donné au chevalier Andréa de Nerciat, écrivain érotique du XVIIe siècle, l’idée de sa fameuse Société des Aphrodites, où l’amour se faisait en commun et dont il place le siège à Paris.

La secte des Arrioys n’existe plus depuis longtemps à Tahiti, les missionnaires Anglicans en ayant fait décréter l’abolition par Pomaré II, lors de sa conversion au protestantisme.

La vie fortunée des Tahitiens. — La civilisation moderne n’a pu transformer la race Tahitienne. Si aujourd’hui le Tahitien ne fait plus publiquement l’amour comme ses ancêtres, l’amour n’en est pas moins resté son unique préoccupation. Il est simplement devenu plus hypocrite : au fond, il est resté le même. Les récits des voyageurs modernes sont affirmatifs sur ce point. Les peuples de race Saxonne et Sémitique font passer le business avant tout. Au contraire, l’amour est la principale occupation dans la race Tahitienne.

Voici comment Paul Branda, dans ses Lettres d’un Marin, dépeint la vie des Tahitiens :

« La nature a bien créé la Tahitienne pour le plaisir. Elle n’est point jolie, mais elle charme par ses molles attitudes, ses formes ravissantes ; elle sue la volupté par tous les pores. Or, nous n’avons pas été mis dans ce monde pour le plaisir, on s’en aperçoit assez : qui cherche le plaisir trouve la mort. Cette race artiste, gracieuse, fainéante, disparaîtra bientôt. Elle n’a plus place dans notre monde d’affaires, de science et de travail. Depuis cinq jours, je cours un peu partout. Je ne dirai pas que les Tahitiennes ne font rien, elles font probablement quelque chose ; je constate seulement ne l’avoir point vu. À la ville, elles flânent par les rues, rient et jouent entre elles ou avec les jeunes gens ; à la campagne elles se baignent, plongent, comme des