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un monopole affermé dès 1861. Ce monopole resta, pendant vingt ans, aux mains des Chinois, qui en tirèrent un bénéfice considérable ; depuis, il a été mis en régie.

Il paraît que le kilogramme d’opium brut, qui coûte à la régie vingt francs d’achat au gouvernement Anglais, revient au consommateur à deux cent cinquante francs environ. C’est un vice cher.

Doses habituelles du fumeur d’Opium. — Un taël de trente-sept grammes et demi coûte deux piastres et donne en moyenne cent pipes, avec un préparateur bien exercé. C’est donc un prix moyen de neuf à onze centimes par pipe, selon le cours de la piastre qui varie de quatre francs cinquante à cinq francs cinquante centimes. Pour que l’opium produise un certain effet, il faut au débutant une dizaine de pipes ; au-dessous, on ne ressent que peu de chose ; au-dessus, on risque l’intoxication. J’ai connu cependant un Européen (alcoolique, il est vrai) que cinq ou six pipes avaient plongé dans une torpeur qui dura quarante-huit heures.

Au bout de quelques semaines le fumeur débutant arrive déjà à vingt pipes par jour, fumées en deux fois, une heure après chaque repas, ce qui favorise la digestion tout comme un cigare de premier choix. Si le fumeur se bornait à ce chiffre, il n’y aurait aucun danger. Malheureusement, On augmente chaque jour d’une ou deux pipes et l’on arrive vite à trente. C’est déjà une dépense de près de mille francs par an ; mais les endurcis dépassent vite ce nombre, et arrivent à cinquante et soixante pipes par jour.

Nature du plaisir procuré par l’Opium. — Dès la première pipe, on éprouve dans l’estomac une sensation de chaleur douce, de velouté agréable tout le temps que l’on absorbe la fumée. Cette sensation se renouvelle à