Page:Jacobus X - L'amour aux Colonies, 1893.djvu/44

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mot de Français et ne connaît rien des secrets de Vénus. Soyez tranquille, elle se forme vite ; elle vous gazouille des amabilités et vous fait ses propositions dans un sabir ultra érotique, car elle est à bonne école. Elle ne fait cependant pas fortune, aussi longtemps qu’elle reste dans l’établissement, car elle est exploitée outre mesure par le tenancier de la maison. Les tarifs du bambou sont peu élevés : cela varie de un franc à une demi-piastre. Moyennant une piastre, on a droit à partager le lit de la belle pour la fin de la nuit.

Il faut avouer que, pour les amateurs nouveaux venus dans la Colonie, la Congaï n’est pas séduisante. Il y a d’abord cette bave sanguinolente produite par le bétel et l’horrible aspect des dents laquées de noir. C’est cependant un signe de beauté chez elle, ainsi que le pubis glabre qui contribue aussi à rebuter l’Européen. La Congaï méprise la femme Européenne, en disant qu’elle a des dents de chien et du poil à sa nature, comme les bêtes. J’ai entendu faire souvent cette remarque par les indigènes. Un second motif de répulsion, c’est l’odeur sui generis de la Congaï, mélange odieux du fumet de l’huile de coco rance, de la sueur et de la crasse d’un vêtement qu’on ne lave jamais de peur de l’user ; cette odeur vous saisit à la gorge et dompte les appétits vénériens les plus robustes. On est longtemps à s’y faire ; il faut un certain courage ; mais enfin on s’y habitue, surtout lorsqu’on a la chance de tomber sur une fillette assez bien faite de corps et dont les dents ne sont pas encore laquées.

Dangers de l’amour Annamite. — Gonorrhée et syphilis. — Passe encore si la Congaï se contentait d’être répugnante. Malgré les visites médicales les plus sérieuses, la sécurité de l’amour avec elle est loin d’être complète. D’abord, les flueurs blanches sont chez elle presque la