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CHAPITRE IX

COMMENT ON PEUT MANQUER UN COUP D’ÉTAT


Du 19 mai 1798 au 9 octobre 1799, Bonaparte est resté absent de France. Pendant ces dix-sept mois, les causes qui devaient rendre nécessaire le recours à la dictature n’avaient pas cessé d’agir et l’effet s’en était développé avec une rapidité inexorable. Depuis l’annexion de la Belgique, la Révolution n’était plus maîtresse de son destin.

Dès maintenant, nous avons l’image de ce qui se répétera jusqu’en 1814, jusqu’à ce que la France soit rentrée dans ses anciennes limites. Avec ténacité, l’Angleterre renouera des coalitions dont elle sera l’âme et la caisse, que la France s’épuisera à briser et qui deviendront plus vastes, plus fortes, plus unies à mesure que les Français avanceront davantage en Europe, ne soulevant le poids que pour qu’il retombe sur eux de plus haut. « Si j’eusse été vaincu à Marengo, vous eussiez eu dès ce temps-là tout 1814 et tout 1815, » disait Napoléon à ses compagnons de Sainte-Hélène. Rien de plus exact. On avait déjà failli avoir tout 1814 et tout 1815 dans l’été de 1799.

Le désastre de la flotte française à Aboukir avait été, en Europe, le signal d’une reprise des hostilités. Nelson était maître de la Méditerranée, Bonaparte pris en Égypte dans un piège. La diplomatie anglaise travaillait partout et Nelson était son meilleur agent. Le vainqueur des mers entraîna le roi de Naples à prendre les armes. Aussitôt la guerre