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de cinquante ans des Juifs, de la millième génération de l’Apocalypse et du règne de tous les siècles dont il est parlé dans l’Évangile. Il enseignait en outre que, pour son compte, il y avait trouvé toute la doctrine de Moïse, la religion chrétienne, les mystères de la Trinité et de la Rédemption, les hiérarchies des anges, la chute des démons, les peines de l’enfer, etc. Toutes ces assertions forment les soixante-douze dernières propositions des neuf cents qu’il soutint à Rome, avec l’admiration générale, à l’âge de vingt-quatre ans[1]. »

Le savant juif Cahen, qui était réaliste, ne regardait guère la cabale que comme un enchaînement de superstitions. Voy. Ensoph.

On peut puiser sur les rêveries de la cabale des instructions plus étendues dans les divers ouvrages qui en traitent spécialement, mais qui sont peu recommandables : 1° le Comte de Gabalis ou Entretiens sur les sciences secrètes, par l’abbé de Villars. La meilleure édition est de 1742, in-12 ; 2° les Génies assistants, suite du Comte de Gabalis, in-12, même année ; 3° le Gnome irréconciliable, suite des Génies assistants ; 4° Nouveaux entretiens sur les sciences secrètes, suite nouvelle du Comte de Gabalis, même année ; 5° Lettres cabalistiques, par le marquis d’Argens, la Haye, 1741, 6 volumes in-12. Cet ouvrage est plein, beaucoup plus que les précédents, de passages condamnés. Voy. Zédéchias.

Cabanda. Hideux démon de l’Inde ; il est gros comme un rocher, n’a ni tête, ni jambes, mais des bras longs d’une lieue et qui ont été raccourcis par Râma.

Cabires, dieux des morts, adorés très-anciennement en Égypte. Bochard pense qu’il faut entendre sous ce nom les trois divinités infernales : Pluton, Proserpine et Mercure.

D’autres ont regardé les cabires comme des magiciens qui se mêlaient d’expier les crimes des hommes, et qui furent honorés après leur mort. On les invoquait dans les périls et dans les infortunes. Il y a de grandes disputes sur leurs noms, qu’on ne déclarait qu’aux seuls initiés[2]. Ce qui est certain, c’est que les cabires sont des démons qui présidaient autrefois à une sorte de sabbat. Ces orgies, qu’on appelait fêtes des Cabires, ne se célébraient que la nuit : l’initié, après des épreuves effrayantes, était ceint d’une ceinture de pourpre, couronné d’une branche d’olivier et placé sur un trône illuminé, pour représenter le maître du sabbat, pendant qu’on exécutait autour de lui des danses hiéroglyphiques plus ou moins infâmes.

Cacodémon, mauvais démon. C’est le nom que les anciens donnaient aux esprits malfaisants. Mais ils appelaient spécialement ainsi un monstre effrayant, un spectre horrible, qui n’était pas assez reconnaissable pour être désigné autrement. Chaque homme avait son bon et son mauvais démon, eudémon et cacodémon. Les astrologues appelaient

aussi la douzième maison du soleil, qui est la plus mauvaise de toutes, cacodémon, parce que Saturne y répand ses malignes influences, et qu’on n’en peut tirer que des pronostics redoutables.

Cacoux. Voy. Caqueux.

Cactonite, pierre merveilleuse qui, selon quelques-uns, n’est autre chose que la cornaline. On lui attribue de grandes propriétés. Les anciens en faisaient des talismans qui assuraient la victoire.

Cacus, espèce d’ogre de l’antiquité. Il était fils de Vulcain et vomissait du feu par la gueule. Ce monstre, de taille gigantesque, moitié homme et moitié bouc, mangeait les passants dans sa caverne, au pied du mont Aventin, et accrochait leurs têtes à sa porte. Il fut étranglé par Hercule. — Cacus a été peint quelquefois avec une tête de bête sur un corps d’homme.

Cadavre. Selon la loi des Juifs, quiconque avait touché un cadavre était souillé ; il devait se purifier avant de se présenter au tabernacle du Seigneur. Quelques censeurs des lois de Moïse ont jugé que cette ordonnance était superstitieuse. Il nous paraît au contraire, dit Bergier, qu’elle était très-sage. C’était une précaution contre la superstition des païens, qui interrogeaient les morts pour apprendre d’eux l’avenir ou les choses cachées : abus sévèrement interdit aux Juifs, mais qui a régné chez la plupart des nations. Voy. Aimant, Cercueil, etc.

Cadière. Voy. Girard.

Cadmée ou Cadmie, qu’on appelle plus généralement calamine, fossile bitumineux quidonne une teinte jaune au cuivre rouge, et que certains chimistes emploient pour faire de l’or.

  1. M. Bonetty (qui cite Reuchlin, De arte cabalistica), Annales de philosophie chrétienne, livraison du 30 novembre 1838.
  2. Delandine, l’Enfer des peuples anciens, ch. xix.