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LUN
LUT
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balle ou d’un coup de lance, on pensait qu’il pouvait mourir une seconde fois, mais qu’exposé aux rayons de la lune il reprenait ses forces et pouvait sucer de nouveau les vivants.

Lundi. En Russie, le lundi passe pour un jour malheureux. Parmi le peuple et les personnes superstitieuses, la répugnance à entreprendre ce jour-là quelque chose, surtout un voyage, est si universelle que le petit nombre des gens qui ne la partagent pas s’y soumet par égard pour l’opinion publique.

Lure (Guillaume), docteur en théologie, qui fut condamné comme sorcier, à Poitiers, en 1453, convaincu par son propre aveu, par témoins, et pour avoir été trouvé saisi d’un pacte fait avec le diable, par lequel il renonçait à Dieu et se donnait à icelui diable[1].

Luricaunes, lutins pygmées de la race des


fées. On les appelle en Irlande luricaunes et cluricaunes, lurigadaunes à Tipperari, logherys dans l’Ulster. Ils connaissent les trésors cachés.

Luridan, puissant esprit de l’air en Norvège et en Laponie. Voy. Harold.

Lusignan. On prétend que la maison de Lusignan descend en ligne directe de Mélusine. Voy. Mélusine.

Lusmore. Les Irlandais donnent ce nom à la digitalis purpurea, qu’ils appellent aussi plus communément bonnet de fée, à cause de la ressemblance supposée de ses clochettes avec cette partie de l’habillement des fées. On prétend qu’elle salue les êtres surnaturels en pliant devant eux sa longue tige, en signe de reconnaissance[2].

Luther (Martin), le plus fameux novateur religieux du seizième siècle, né en \l\%k en Saxe, mort en 1546. Il dut son éducation à la charité des moines et entra chez les augustins d’Erfurt. Devenu professeur de théologie, il s’irrita de ne pas être le Judas des indulgences, c’est-à-dire de n’en pas tenir la bourse ; il écrivit contre le Pape et prêcha contre l’Église romaine. Devenu épris de Catherine Bore, religieuse, il l’enleva de son couvent avec huit autres sœurs, se hâta de l’épouser et publia un écrit où il comparait ce rapt à celui que Jésus-Christ fit, le jour de la Passion, lorsqu’il arracha les âmes de la tyrannie de Satan…

Nous ne pouvons ici faire sa vie[3], mais sa mort nous revient. Ses ennemis ont assuré que le diable l’avait étranglé ; d’autres qu’il mourut subitement en allant à la garde-robe, comme Arius, après avoir trop soupé ; que, son tombeau ayant été ouvert le lendemain de son enterrement, on n’y avait pu trouver son corps, et qu’il en était sorti une odeur de soufre insupportable. — Georges Lapôtre le dit fils d’un démon et d’une sorcière.

À la mort de Luther, disent les relations répandues chez ses contemporains, les démons en deuil, habillés en corbeaux, vinrent chercher cet ami de l’enfer. Ils assistèrent invisiblement aux funérailles ; et Thyraeus ajoute qu’ils l’emportèrent ensuite loin de ce monde, où il ne devait que passer. — On conte encore que le jour de sa mort tous les démons qui se trouvaient en une certaine ville de Brabant (à Malines) sortirent des corps qu’ils possédaient et y revinrent le lendemain ; et comme on leur demandait où ils avaient passé la journée précédente, ils répondirent que, par l’ordre de leur prince, ils s’étaient rendus à l’enterrement de Luther. Le valet de Luther, qui l’assistait à sa mort, déclara, ce qui est très singulier, en conformité de ceci, qu’ayant mis la tête à la fenêtre pour prendre l’air au moment du trépas de son maître, il avait vu plusieurs

  1. Delancre, Inconstance des démons, t. VI, p. 495.
  2. M. Dufau, Contes irlandais.
  3. On trouvera cette vie de Luther dans les Légendes infernales.