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vous faites, et que vous vous êtes retirés sans payer, acquittez le passé, et je vous ferai crédit du présent… »

Année climatérique. Le préjugé des années climatériques subsiste encore, quoiqu’on en ait à peu près démontré l’absurdité. Auguste écrivait à son neveu Caius pour l’engager à célébrer le jour de sa naissance, attendu qu’il avait passé la soixante-troisième année, — qui est cette grande climatérique si redoutable pour les humains. — Beaucoup de personnes craignent encore l’année climatérique ; cependant une foule de relevés prouvent qu’il ne meurt pas plus d’hommes dans la soixante-troisième année que dans les années qui la précèdent. Mais un préjugé se détruit avec peine. Selon ces idées, que Pythagore fit naître par ses singulières rêveries sur les nombres, notre tempérament éprouve tous les sept ans une révolution complète. Quelques-uns disent même qu’il se renouvelle entièrement. D’autres prétendent que ce renouvellement n’a lieu que tous les neuf ans : aussi les années climatériques se comptent par sept et par neuf. Quarante-neuf et quatre-vingt-un sont des années très-importantes, disent les partisans de cette doctrine ; mais soixante-trois est l’année la plus fatale, parce que c’est la multiplication de sept par neuf. Un Normand disait : Encore un des miens pendu à quarante-neuf ans ! et qu’on dise qu’il ne faut pas se méfier des années climatériques !

 
Allemands causant de l’année platonique
Allemands causant de l’année platonique
Allemands causant de l’année platonique.
 


« On ne doit pourtant pas porter trop loin, dit M. Salgues, le mépris de la période septénaire, qui marque en effet les progrès du développement et de l’accroissement du corps humain. Ainsi, généralement, les dents de l’enfance tombent à sept ans, la puberté se manifeste à quatorze, le corps cesse de croître à vingt et un. » — Mais cette observation n’est pas complètement exacte.

Anninga, la lune chez les Groënlandais. C’était au commencement un jeune garçon qui aimait à courir les champs avec sa sœur Malina. Or un jour qu’il la poursuivait, elle se retourna tout à coup et lui barbouilla de noir la figure. Après quoi Malina, perdant terre, s’élança dans le ciel, où elle devint le soleil. Anninga, qui n’a cessé de la poursuivre, est devenu la lune.

Annius de Viterbe (Jean Nanni), savant ecclésiastique, né à Viterbe en 1432. Il a publié une collection de manuscrits attribués à Bérose, à Fabius Pictor, à Caton, à Archiloque, à Manéthon, etc., et connus sous le nom d’Antiquités d’Annius. Ce recueil a peu de crédit. On prétend qu’il contient beaucoup de fables ; mais plusieurs de ces fables sont d’antiques légendes.

On doit encore à Annius un Traité de l’empire des Turcs, et un livre des Futurs triomphes des chrétiens sur les Turcs et les Sarasins, etc. Ces deux ouvrages sont des explications de l’Apocalypse. L’auteur pense que Mahomet est l’Antéchrist, et que la fin du monde aura lieu quand le peuple des saints (les chrétiens) aura soumis entièrement les juifs et les mahométans.

Anocchiatura, fascination involontaire qui s’exerce soit par les yeux, soit par les paroles, selon les croyances populaires des Corses, mais dans un sens très-bizarre, les puissances mystérieuses qui président à l’anocchiatura ayant la singulière habitude d’exécuter le contraire de ce qu’on souhaite. Aussi, dans la crainte de fasciner les enfants en leur adressant des bénédictions ou des éloges, le peuple qui leur veut du bien le leur prouve par des injures et des souhaits d’autant plus favorables qu’ils sont plus affreusement exprimés[1].

Anpiel, l’un des anges que les rabbins chargent du gouvernement des oiseaux ; car ils mettent chaque espèce créée sous la protection d’un ou de plusieurs anges.

Anselme de Parme, astrologue né à Parme, où il mourut en 1440. Il avait écrit des Institu-

  1. M. P. Mérimée, Colomba.