comprend et fait signe qu’il va faire mettre Geneviève à genoux et lui trancher la tête.) C’est ça, que ça soit fait à mon retour. Enfin je puis dire comme Titus : je n’ai pas perdu ma journée !
Il te faudra jeter à la mer ce cadavre, Flanque-le dans la Seine, il ira par le Hâvre !
(Il sort.)
Scène VII.
(Almanzor tire son sabre, et, planté comme un automate, reste les yeux tournés du côté par lequel est sorti Golo.)
- Que vois-je ! ô ciel ! ce valet de carreau
- A tiré son grand sabre du fourreau !
- C’est donc pour me couper le cou !
(Almanzor, sans bouger et sans quitter les yeux du point qu’il fixait, lui répond par des signes de tête.)
- Ah ! ça va me gêner beaucoup !
(Elle ferme les yeux et tombe à genoux.)
- Oui, c’en est fait de moi !
- Frappe ! dépêche-toi !
(Almanzor la saisit par ses longs cheveux tout en continuant à fixer le côté de la caverne par où Golo est sorti, puis, quand il est sûr que l’infâme Golo s’est éloigné, il retourne la tête et chante.)
- Rose, la fille à Mathurin.
- Que veut dire ceci ?
- Qui chante ainsi ?
- Dansait au son du tambourin.
(Il relève Geneviève.)
- Quoi ! Reynold en ces lieux !
- Oui, Reynold en ces lieux !
- Dois-je en croire mes yeux ?
- Oui, n’en crois que tes yeux !
- Ah ! comme il bat mon cœur,
- En cet instant suprême !
- Ah ! comme il bat mon cœur,
- D’une violence extrême !
- D’espoir et de bonheur,
- Il bat, il bat mon cœur !
Mais comment se fait-il ?…
Que je sois ici ? C’est pour mieux te venger ! Depuis le jour où tu fus forcée par ton père d’épouser Sifroid, je ne t’ai pas quittée. Pour démasquer cet infâme Golo, je me suis fait son complice ; cet ordre de mort écrit de sa main, le confond et le perd à jamais ! Grâce à mes soins, aidé d’Isoline, j’ai déjà soulevé les principaux chefs. Le peuple sera pour nous et bientôt tu reprendras ta place ! Viens, suis-moi !…
Où donc ?
Démasquer le traître ! au palais ! !…
(Il l’entraine.)
Palais magnifique, — où se pressent les seigneurs et les dames de la Cour, en costumes superbes et tous masqués.
Scène VIII.
- Que l’on se presse
- C’est jour d’allégresse,
- C’est grande fête, festival !
- Chantons tous un chœur triomphal
(Tous les masques se promènent.)
Eh bien !… madame Geneviève ?…
Chut !… elle est ici…incognito !… Et Sifroid, en a-t-on des nouvelles ?…
Il doit revenir cette nuit… à l’heure qu’il est, il arrive peut-être…
Silence !… voici Golo !…
Scène IX.
Bravo ! très-bien !… buvez ! chantez ! que l’on s’amuse !… je veux que mon bal n’ait point son pareil !… Ah ! ça, mais tu m’avais promis des folies incomparables…
Monseigneur, je les aperçois !…
Ah ! ! !… ravissantes ! ! !…