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L’IDÉE DE VÉRITÉ

que le train glisse à l’aide de l’aiguille. Bref, le monde est tout aussi continu par rapport à lui-même pour les partisans du libre arbitre que pour les déterministes rigoureux ; seulement ces derniers sont incapables de croire à des points de bifurcation qui soient des endroits d’équilibre réellement indifférent, ou qui offrent des dédoublements de voies, donnant, en ces endroits, — et en ceux-là seulement, non pas auparavant, — une direction aux mouvements existants sans en changer la somme.

S’il y avait de tels points d’indifférence, pensent les déterministes rigoureux, le futur et le passé seraient absolument séparés, car, abstraitement considéré, le mot « indifférent » suggère uniquement Vidée de discontinuité. Tout ce qui est indifférent est, dans la même mesure, exempt de relation et détaché. Envisagez les termes de cette façon stricte, et vous voyez, nous disent-ils, que, si le moindre point d’indifférence se trouve sur la large artère qui joint le passé au futur, alors aucune connexion, de quelque espèce qu’elle soit, aucune force continue, aucun passager identique, aucun but ou facteur commun ne peut se trouver de part et d’autre du dédoublement de voies ou de l’aiguille qui s’y meut. L’endroit est un abîme infranchissable.

M. Fullerton écrit ce qui suit (les italiques sont de moi) :

« Pour autant que mon acte est libre, ce quo j’ai été, ce que je suis, ce que j’ai toujours fait ou me suis efforcé de faire, ce que je souhaite ou décide le plus