Page:Jammes - Le Deuil des primevères, 1920.djvu/121

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Le long du vif ruisseau sableux je cueillerai
la menthe, dont l’odeur s’écrase sous les doigts.
Dans la chaude prairie où le vent fait de l’ombre,
poussent le lychnis rose et l’oseille sauvage
qui, pourpre et cannelée, berce sa tige longue.
La reine-marguerite est une jeune fille.
La renoncule est l’œil doré de la prairie,
et le myosotis est l’œil bleu du ruisseau.
Le pissenlit est la quenouille du cri-cri.
Les asphodèles sont les cierges du soleil.
Les pervenches sont des étoiles qui ont poussé.
L’iris est un oiseau penché sur la rivière.
Les chèvrefeuilles sont les lèvres de la haie,
et l’églantier tremblant les joues de fiancées.

LA JEUNE FILLE

Que vous connaissez bien les plantes salutaires…
Quel est ce clair jeune homme à vos côtés, grand’mère ?

La petite vieille s’en va,
LE POÈTE

Mon âme est fatiguée ainsi qu’après un songe.
Le dégoût de la vie qu’a causé le mensonge