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DANS LA BRUYÈRE


Oui, l’âme des lointains aïeux est dans notre âme
Et nos yeux sont voilés par le vague du soir ;
Notre pensée en deuil, où palpite une flamme,
Aime un peu de tristesse autour d’un mâle espoir.

Là-bas, par les sentiers des bois ou des prairies
Où mes chers souvenirs me reportent souvent,
Vous, au moins, vous bercez vos lentes rêveries
Dans le chant de la feuille et les soupirs du vent.

Ici, pas de bruyère ! ici, toujours la plaine,
La plaine sans coteaux et sans bleus horizons,
Où, dans un désespoir suprème, la Vilaine
Croupit lugubrement sans frôler les gazons.

Merci donc ! votre voix me caresse et m’éveille :
Voix d’ami qui se mêle au bruit de l’Océan,
Aussi douce à mon cœur que sonore à l’oreille,
Elle m’a fait rèver de mon cher Morbihan ;