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LE PÂTRE


À Théophile Lemonnier


Enfant, j’eus pour ami, dans ma chère Bretagne,
Un pâtre de mon âge, un gars pensif et doux,
Qui, par les nuits d’été, debout sur la montagne,
Chantait d’un ton très lent, comme on chante chez nous.

Toujours sur le même air, d’une voix triste et tendre,
Longuement il berçait son monotone ennui ;
Et les rares passants s’arrêtaient pour entendre
Cette plainte mêlée aux plaintes de la nuit.