Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/194

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sur mon bras, car si elle ne tremblait plus, elle était si faible ! La maison était calme, propre, froide, aussi correcte qu’une maison d’usurier ; nous nous arrêtâmes au second étage ; nous frappons ; une voix répondit : — Entrez ! J’ouvris la porte ; la jeune femme était pâle comme la mort ; son beau sein, qui n’était plus voilé, était haletant ; j’entrai le premier. Un homme entouré de cartons verts et de papiers nous reçut ; il accueillit sa femme comme s’il l’eût vue la veille ; pas un mot d’intérêt, pas un sourire, pas un regret, pas une pitié ! L’homme horrible ! Il osa encore donner à cette femme un baiser qui me fit peur, car cet homme avait les yeux pleins d’une horrible rougeur, ses cheveux morts tombaient en tristes flocons, de larges pustules couvraient son visage ! — Ah ! malheureuse femme ! m’écriai-je en m’approchant d’elle, malheureuse ! que venez-vous faire ici ? Quelle destinée vous ramène à votre perte ! Ici !... vous seriez mieux d’où vous sortez ! L’homme souriait d’un air railleur, et continuait la recherche de ses papiers.

La frêle et innocente créature se prit à pleurer ; puis elle me regarda ; elle avait l’air de me dire : Je connais mon sort ; dans un an, venez me reprendre au même endroit !