Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/282

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pus que faire signe au vieillard à cheveux blancs de me laisser : quelqu’un intervint, qui le renvoya. On acheva de m’attacher les bras et les mains. J’entendis un officier dire à demi-voix à l’aumônier : Tout est prêt ! Comme nous sortions, un des hommes en noir porta un verre d’eau à mes lèvres, mais je ne pus avaler.

« Nous commençâmes à nous mettre en marche à travers les longs passages voûtés qui conduisaient de la grande salle à l’échafaud. Je vis les lampes qui brûlaient encore, car la lumière du jour ne pénètre jamais sous ces voûtes ; j’entendis les coups pressés de la cloche et la voix grave de l’aumônier, lisant, comme il marchait devant nous : « Je suis la résurrection et la vie, a dit le Seigneur ; celui qui croit en moi, quand même il serait mort, vivra ; — et quoique les vers rongent mon corps dans ma chair, je verrai Dieu. »

« C’était le service funèbre, prières composées pour les morts qui sont couchés dans le cercueil, immobiles, récitées sur nous qui étions debout et vivants... Je sentis encore une fois, je vis et ce fut là mon dernier moment de complète perception. Je sentis la transition brusque de ces passages souterrains, chauds, étouffés, éclairés par des lampes, à la plate-forme découverte et aux marches grinçantes qui montaient à l’échafaud. Alors je découvris l’immense