Page:Jarry - Albert Samain, 1907.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

des Deux-Mondes lui demanda des vers, — y réserva ses poèmes.

Il est admirable aujourd’hui de constater avec quelle sûreté prophétique, devançant le suffrage du public, cet éternel tard-venu qui attend qu’on lui souligne ce qu’il faut lire (la vente des « Samain », au Mercure, se comparerait quasi à celle des « Coppée » chez Lemerre), avec quelle sûreté, disons-nous, dès ces moments antérieurs de quelque sept ans à sa mort — la célébrité, paraît-il, veut être posthume. — Albert Samain fut estimé du premier coup à son juste aloi par ses pairs.

Ceci s’explique et par l’intégrité absolue de son génie, et par la netteté immédiate de vues de qui le jugea.

En 1894, comme on sait, Edmond Girard, fondateur, rédacteur et « s’étant voulu typographe » des Essais d’Art Libre, faisait paraître Les Portraits du Prochain Siècle. Entreprise dont certains sourirent peut-être alors, mais le temps ne les a point tous effacés.